Grande traversée des Alpes à skis
STUBBAI
Participants : Jérôme, Jean-Lou
Dénivelé + 1500m, cumulé 34610m
Dénivelé – 800m, cumulé 32758m
Km carte 15, cumulé 444km
Timing : 9h, cumulé, 222h
Temps : couvert
Conditions: très long cheminement glaciaire dans Alpes de STUBBAI, 3 montées; 3 descentes, 1 arête rocheuse, dernière remontée au refuge. C’est là que nos routes se séparent avec Jérôme. Étape fatiguante à tous points de vue.
Nuit correcte, réveil 7h, il ne neige plus mais temps couvert. On décide de tenter le coup. Départ vers 9h après PDJ. Jean-Lou en tête, direction Nurburger Scharte, très rapidement Jérôme passe devant. On est au col en 2h environ, montée assez facile. pause casse croute puis descente sur Grubel Ferner, Jérôme s’offre au passage un petit saut de corniche.
L’itinéraire « normal » prévoit de redescendre jusque vers 2450m à la base d’un éperon rocheux puis remonter vers l’Ouest en passant au Sud de 2 lacs et bifurquer ensuite vers le Wilder Freiger. Cet itinéraire « coute » en gros 2h.
On préfère tenter une solution intermédiaire en tirant le plus à gauche possible sans aller jusqu’au pied de l’éperon rocheux, ce qui nous permet d’éviter de descendre trop bas. On quitte les skis à la cote d’environ 2650m pour remonter à pied une pente merdique, de neige sans consistance, sur environ 100m. Jérôme m’a largement distancé, je ne le vois plus et lorsque j’arrive au sommet de cette pente, il a déjà rechaussé et est loin devant, environ 800m.. ça me fout un coup au moral.
On remonte le glacier Grubbel ferner (versant Nord Est) en direction du Wilder Freiger, je commence à être fatigué, cette montée est vraiment longue. Jérôme m’attend vers la côte 3000m, à un petit replat, puis il repart devant et je le perds vite de vue. La montée est interminable, sur une neige glacée peu engageante.
Enfin j’aperçois le sommet du Wilder Freiger (3418m) qui comporte une arête rocheuse d’environ 100m. Je n’ai pas encore pris pied sur cette arête que j’aperçois Jérôme descendre la fin de l’arête. Lorsque j’arrive au début de l’arête, je n’ai pas encore chaussé les crampons que je le vois descendre à skis.
J’aperçois un refuge sur ma gauche, sur une arête rocheuse, et pour moi il s’agit clairement de Müller Hütte, notre objectif de la journée, à 3143m. Je suis très fatigué, l’heure avance, il est plus de 16 h et je n’ai qu’une hâte et une idée fixe, être au refuge.
après chaussage des crampons, traversée de l’arête, ou il faut quand même être vigilant, descente du petit couloir qui termine l’arête par une main courante, je ne vois toujours que le refuge que j’ai initialement repéré.
Chaussage des skis et je me dirige vers ce que je pense être Müller Hütte, sans apercevoir Jérôme, ni voir d’autre refuge du sommet du couloir. Descente sur une neige lourde en haut, ensuite neige dure de glacier. il est 17h. Je déchausse au pied de l’arête rocheuse qui mène au refuge, crampons et montée en terrain mixte pas si facile vers le refuge.
En arrivant à celui-ci, vers 17h45, je réalise mon erreur il s’agit de Becher Haus (3195m) en territoire italien. Je regarde en face et j’aperçois alors Müller Hütte que je n’avais pas vu jusque là. Je suis trop fatigué pour redescendre, et retraverser à skis le glacier (au moins 1km) pour remonter de l’autre coté. J’imagine que Jérôme est là bas et je m’installe d’abord au refuge, puis j’essaie de l’appeler pour le prévenir que je suis là. malheureusement j’ai du laisser allumé mon téléphone en recherche satellite et il n’y a plus de batteries. Je n’ai pas de batterie de rechange, ayant renvoyé la précédente au début du raid pour m’alléger. J’espère que Jérôme m’a vu car je sais qu’il va s’inquiéter. Après m’être installé au refuge, je ressors à la nuit pour faire des signes avec ma frontale, mais je crains qu’à cette distance elle ne soit pas visible.
Je n’ai d’autre choix que de m’installer pour la nuit et de partir tôt demain matin pour rejoindre Jérôme. Nuit assez inconfortable à tous points de vue, l’angoisse m’empêche de dormir.